Le Stade de Reims sur des chardons ardents
A l'aller, le jeu aérien offensif de Puygrenier avait beaucoup gêné la défense rémoise.
FOOTBALL (L1). Le choc des relégables, opposant le 20e au 18e, creusera un peu plus la tombe du vaincu. En grosse difficulté, Reims a-t-il les moyens de freiner les ardeurs retrouvées de Nancy ?
C'EST comme s'ils se savaient condamnés à vivre cette période de grosses turbulences. Car même lorsque tout allait trop bien, entre fin septembre et mi-octobre (3 victoires, un nul et une incroyable 5e place), les plus lucides d'entre eux craignaient déjà la suite de l'aventure. Une peur anticipée qui n'a évidemment pas écarté le danger.
Ils y sont donc dans cette période d'angoisse. Une sorte de « money time » où tout dérapage expose au pire. Depuis trois journées, le Stade de Reims est relégable. Depuis la nouvelle année, il s'est incliné à trois reprises en quatre matches disputés. « Tout le monde nous envoie en Ligue 2, à nous de leur donner tort », tente de se persuader Hubert Fournier.
Partagés entre résignation et fatalité, les joueurs y croient-ils encore ? « C'est leur carrière qui est en jeu, ce serait suicidaire pour eux de lâcher l'affaire », avoue un dirigeant.
« On y va tout droit »
Ces derniers temps, le vestiaire rouge et blanc bouillonne de rumeurs vite démenties. « Le groupe est consciencieux, concentré, travailleur », explique l'entraîneur. On peut quand même en douter vu le manque d'entrain manifesté par certains de ses membres. Mohamed Fofana l'a bien compris, qui exhorte les éternels rouspéteurs à se mettre au diapason. L'ancien Toulousain exige non seulement de l'enthousiasme, mais il veut voir naître cet esprit de sacrifice indispensable pour sortir l'équipe de la mouise. « Rien n'est encore perdu, admet-il en substance. Unis, nous serons plus forts ». Une prière qui sonne comme une évidence…
Cette équipe, qui a traversé la saison dernière sur un nuage (en permanence sur le podium de la L2), a-t-elle été bâtie pour souffrir ? Qu'attendent ses guides, ses leaders - dont certains recrutés à l'étage supérieur - pour brandir le flambeau de la résistance ? L'esprit pro dont ils se disent porteurs, n'exige-t-il pas d'eux qu'ils montrent l'exemple sur le terrain, plutôt que d'attendre un éventuel changement de staff ? « Si on ne bouge pas, on y va tout droit », ose même un ancien.
Depuis près de quarante ans, Reims n'a jamais gagné à Nancy en championnat. Une stat qui claque comme un coup de fouet et qui n'incite pas à l'optimisme. Car, à ce stade de la compétition, le vent froid d'hiver a changé de direction et souffle désormais dans le dos des Nancéiens annoncés relégués depuis plusieurs mois.
Le déclic est venu de la capitulation : entraîneur viré, meilleurs joueurs vendus, et la promotion d'un coach venu de l'équipe réserve avec pour mission d'assurer la transition. Et l'ASNL qui n'arrêtait pas de se débattre - 18 fois relégable et 13 fois lanterne rouge en 23 journées -, s'est enfin décidé à se battre.
La Lorraine, terre sinistrée, est devenue celle du miracle. Avant ses deux dernières victoires (contre Lorient 2-1 et à Marseille 0-1), Nancy ne s'était imposé qu'une fois (1-0 contre Brest, 1re journée) et avait même enchaîné une série de 20 matches sans victoire, que lui conteste aujourd'hui le Stade de Reims (15 journées sans succès).
Nancy s'est offert le droit de rêver quand Reims navigue en plein cauchemar. En y réfléchissant bien, le vaincu de ce soir mériterait-il de rester dans l'élite ?
Gérard KANCEL
En mission commando
Hubert Fournier avait prévenu : « Désormais, on ira à la bagarre avec ceux qui veulent se battre ». Autrement dit, les joueurs moins disponibles, physiquement et mentalement, resteront sur la touche. C’est le cas de Ghilas, Toudic, Souaré et Devaux, non retenus pour le déplacement en Lorraine. « Je dispose de 27 pros et je dois faire des choix. Surtout, je veux compter sur des joueurs hypermotivés ».
Avec Ouali et De Préville
Indisponible depuis huit semaines à cause d’une pubalgie, Nicolas De Préville, la recrue hivernale stadiste, voit le bout du tunnel. Retenu dans le groupe, il pourrait disputer ses premières minutes en L1.
Le jeune Bilal Ouali, « qui a montré de belles choses à l’entraînement », fera aussi sa première feuille de match dans l’élite.
Nancy, une défense à quatre ?
Patrick Gabriel doit se passer des services de son gardien Guy Roland Ndy Assembe, en délicatesse avec ses adducteurs. Suspendu, Vincent Muratori fera également défaut tandis que Jordan Loties, indisponible depuis deux semaines à cause d’une fissure à un doigt de pied, et Ziri Hammar sont bons pour le service.
L’entraîneur nancéien pourrait, contrairement aux matches contre Lorient et Marseille, revenir à une défense à quatre éléments, avec Sané et Puygrenier dans l’axe. Devant, la paire Bakar – Alo’o Efoulou devrait être reconduite.
Agassa coincé à Lomé
Kossi Agassa qui devait rejoindre Reims jeudi soir, était toujours au Togo hier. Le portier des Éperviers espérait récupérer au plus vite ses bagages égarés pendant le voyage entre l’Afrique du Sud et Lomé.
« Nous suivons ses pérégrinations, a expliqué Hubert Fournier. Je l’ai eu hier soir (jeudi) au téléphone, il tentait de retrouver ses trois valises ». L’entraîneur rémois ne cache pas que ce forfait handicape son équipe.
Encore heureux qu’Ayité et Romao aient choisi de rentrer en Europe directement par leurs propres moyens…
Weber : « Je suis prêt »
Laissé sur le banc dimanche dernier à Montpellier, Anthony Weber ne désespère pas de retrouver sa place au centre de la défense. « Si je n’ai pas joué la semaine dernière, c’est que le coach a sans doute constaté que j’étais moins bon en ce moment. C’est lui qui fait ses choix. Je suis à sa disposition. Ceci étant, « Momo » (Fofana) qui m’a remplacé à Montpellier, a fait un très bon match. S’il continue sur cette lancée et que toute l’équipe lui emboîte le pas, je suis persuadé qu’on va s’en sortir. C’est le plus important ».
Discipline : Souaré convoqué
La Commission de discipline de la LFP, saisie par le rapport complémentaire de l’arbitre après visionnage et la Commission de Visionnage, a décidé de convoquer Pape Souaré suite à son geste à la 75e minute sur le Montpelliérain Souleymane Camara, pour la séance du jeudi 21 février. L’entraîneur héraultais, René Girard, avait hurlé à l’« agression » sur le tacle du Rémois.
Clément Turpin au sifflet
C’est l’arbitre international Clément Turpin (30 ans) qui dirigera ce « sommet d’en bas ». C’est lui qui officiait à Rennes le 3 novembre (défaite 1-0 et exclusion de Souaré après 14 minutes). Auparavant, il avait œuvré lors d’un Guingamp – Reims (2-3, le 4 février 2012), Reims – Amiens (0-0, le 2 novembre 2007) et Grenoble – Reims (2-0, le 20 août 2007).
Ses deux derniers matches de L1 ont vu la victoire de l’équipe en déplacement : Valenciennes – Lyon 0-2 et Bastia – Rennes 0-2.
Marcel-Picot, stade maudit
Nancy n’a jamais perdu (2 victoires, 4 nuls) après avoir ouvert le score, alors que Reims n’a jamais gagné (2 nuls, 2 défaites) après avoir marqué le premier but.
100
Une drôle de coïncidence. Ce match couperet à Nancy sera le 100e dirigé en championnat par Hubert FOURNIER au Stade de Reims. Depuis sa promotion comme entraîneur principal en juin 2010, le successeur de Marc Collat a coaché les Rouge et Blanc deux saisons en Ligue 2 (76 matches) et une demi-saison en L1 (23 matches). A quelques heures de fêter ce « centenaire », HF présente un bilan particulièrement équilibré de 34 victoires, 32 nuls et 33 défaites.
En y ajoutant les rencontres de Coupe de la Ligue et de Coupe de France, son bilan est de 112 matches, 39 victoires, 34 nuls, 39 défaites (143 buts marqués et 131 encaissés).